Dessin de Paul Cézanne

Paul CEZANNE (1839-1906)
Soldat et vieille femme
Circa 1856-57
Plume et encre brune sur traits de crayon (verso)
22,4 x 16,9 cm (feuille)
Au recto, crayon noir sur papier de Marie Cezanne (1841-1921), sœur cadette de Paul, représentant un Paysage au calvaire, 16,9 x 22,4 cm, circa 1856-1857, portant une inscription manuscrite au crayon « Le dessin ci-contre est un dessin original de mon grand-père Paul Cezanne / Jean Pierre Cezanne ».
Quelques traces d’adhésif
Encadré sous verre

Expert : Expertises Tellier, Paris / Marc-Henri TELLIER, membre de la CEFA

Provenance :
Paul Cezanne fils, Paris
Jean-Pierre Cezanne, Paris
Collection particulière, France

Nous remercions M. Walter Feilchenfeldt, Mme Jayne Warman et M. David Nash de la Société Cezanne, ainsi que Mme Fabienne Ruppen, en charge des dessins de Paul Cezanne, de nous avoir aimablement confirmé l’authenticité de ce dessin double-face de Paul et Marie Cezanne, qui vient d’être inclus dans le catalogue raisonné en ligne de l’œuvre de Paul Cezanne, sous la référence FWN 3016-x5a/b.

Bibliographie :
Adrien Chappuis, The drawings of Paul Cézanne : A catalogue raisonné, Londres, Thames & Hudson, 1973

Notre dessin double-face faisait partie d’un carnet de jeunesse actuellement conservé par The Israël Museum de Jérusalem, nouveau nom du Bezalel National Museum auquel les Pearlman en avaient fait don en 1962. Il date vers 1856-1860 et rassemble parmi les tout premiers dessins de Paul Cezanne, réalisés entre dix-sept et vingt et un ans. Le carnet est incomplet à cause de son démembrement à une date inconnue et comprend actuellement vingt-quatre dessins : douze de Paul Cezanne, onze de Marie Cezanne et un de Rose Cezanne (1854- ?), sœur benjamine de Paul. Notre feuille a été coupée d’un côté, comme les dimensions connues le prouvent, à savoir 16,9 x 23,8 cm.
L’artiste représente une vieille femme assise, de face et pieds nus, tenant une fiole dans sa main droite. A sa gauche, debout et de profil, un soldat casqué serre une petite bouteille dans sa main gauche et lui montre du doigt. Il faut noter que la quasi-totalité des dessins du carnet dit de Jérusalem empruntent aux thèmes guerriers et sont probablement inspirés d’œuvres de Maîtres anciens. Selon M. François Chédeville, « il ne s’agissait pas pour lui de créer des séquences de pages ordonnées ni des albums à feuilleter en séquence ».
Sur les quelques trois cent cinquante dessins exécutés par Paul Cezanne lors de ses années d’apprentissage entre 1856 et 1865, seuls quarante-cinq sont aboutis, ce qui est le cas du nôtre. La technique utilisée, à savoir l’encre brune sur traits de crayon, est propre aux premiers dessins de Cezanne. Trois spécificités sont déjà présentes que l’on retrouvera dans ses dessins postérieurs : le trait nerveux, les hachures droites et les lignes de contour redoublées qui soulignent les volumes.
Notre dessin, dont on avait perdu la trace depuis une soixante d’années, est une redécouverte qui révèle les débuts de Cezanne, un génie longtemps incompris et qui ne fut reconnu qu’à la fin de sa vie.